"Borné dans sa nature, infini dans ses voeux, l'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux."
Alphonse de LAMARTINE
Egaré dans les cieux sur le pas de Platon, Par ma propre vertu je cherchais à connaître Si l’âme est en effet un souffle du grand être ; Si ce rayon divers, dans l’argile enfermé, Doit être par la mort éteint ou rallumé ;
S’il doit après mille ans revivre sur la terre ;
Ou si, changeant sept fois de destins et de sphère, Et montant d’astre en astre à son centre divin, D’un but qui fuit toujours il s’approche sans fin ? Si dans ces changements nos souvenirs survivent ?
Si nos soins, nos amours, si nos vertus nous
suivent ?
ALPHONSE DE LAMARTINE
MÉDITATIONS POÉTIQUES
PHILIPPE ASSAYAH
DE LA NÉCESSITÉ D’AVOIR UNE ÂME LYRIQUE
Un peuple sans lyrisme est un peuple sans âme. De la nécessité de rendre l’âme lyrique.
Il n’existe pas de lyrisme sans passion, ni de passion sans émotion, ni d’émotion sans soif du sublime. Le sens du sublime est à l’origine du sentiment religieux du lyrisme poétique.
Qu’est-ce que le lyrisme ? – C’est la capacité qu’a l’âme d’embrasser du grand. L’enthousiasme (transport divin, l’être enthousiaste est habité par un dieu intérieur) engendre le lyrisme : point d’enthousiasme sans transport divin, point de transport divin sans soif de l’âme. Pour être sujet à ces transports (ravissements, extases), il faut être sensible au Beau. Il faut avoir eu en quelque sorte une réminiscence du Paradis perdu. Il faut avoir au moins une fois dans sa vie (celle-ci ou une vie antérieure) approché Dieu, pour désirer à nouveau s’abîmer en Lui, par les moyens de l’enthousiasme et du lyrisme poétiques, qui sont les ailes de l’âme, et qui l’élèvent jusqu’à la contemplation mystique, c’est-à-dire jusqu’à l’identification ou la fusion du poète avec Dieu. Point de lyrisme sans exaltation – sans ardeur d’âme – et point d’exaltation possible sans une grande finesse de l’âme qui, débarrassée de son prosaïsme, peut être en proie à ses ravissements et à ses extases.